Combien de temps faut-il pour rentabiliser la rénovation énergétique ?

Le gouvernement s’est fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. La société France Stratégie s’est posé la question du retour sur investissement et de la rentabilité de la rénovation énergétique des logements en France. Si vous souhaitez mettre en location un appartement à Fougères, il se peut que vous aussi ayez à rénover votre logement.
Des mesures contraignantes pour les propriétaires bailleurs
La mise en œuvre de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Comme précisé par le Haut conseil pour le climat, cela implique qu’il faudra rénover de plus en plus de logements afin de tenir cet objectif.
Pour ce faire, le gouvernement a multiplié les mesures contraignantes. Ainsi, les propriétaires de passoires thermiques devront les rénover sous peine de ne plus être autorisé à les louer :
- À partir de 2025 pour les logements classés G au DPE ;
- À partir de 2028 pour ceux classés F ;
- À partir de 2034 pour ceux classés E.
Un audit énergétique sera obligatoire dès septembre 2022 afin de pouvoir vendre une passoire thermique et les propriétaires d’espaces de bureaux ou commerciaux importants sont tenus de déclarer leur consommation énergétique depuis le 1er janvier 2022.
Par ailleurs, les aides de l’Etat à la rénovation via le dispositif MaPrimeRénov’ ont été augmentées de façon considérable pour permettre la rénovation énergétique des logements par les particuliers.
La rénovation énergétique sera-t-elle rentable à long terme ?
La rentabilité économique de la rénovation énergétique des logements a été étudiée par France Stratégie qui a publié récemment un rapport sur le sujet portant sur les 22 millions de logements privés en France.
Selon cette étude, la rénovation de 40 à 77% du parc de logements privés via un système de tiers payant (des travaux) serait rentabilisée par les économies d'énergie en 30 ans.
Ainsi, la prise en charge du financement et du suivi des travaux de rénovation serait effectuée par un opérateur que les particuliers rembourseraient chaque mois en utilisant les économies générées. Le montant mensuel de la rétrocession correspondrait à la part d’économie réalisée sur la facture énergétique qui serait alors reversée à l'opérateur.
Ce système éviterait aux propriétaires privés d’être obligé de s’endetter pour financer les travaux, levant ainsi un des obstacles majeurs à la rénovation. En effet, le financement des travaux de rénovation est un frein pour les particuliers qui n’ont pas toujours la capacité de s’endetter pour réaliser ces travaux, même avec les aides de l’État.
L’autre avantage de ce type de financement est qu’il limite l’effet rebond lié au changement de comportement des ménages après la rénovation de leur logement. Les économies d’énergie ne sont pas toujours à la hauteur des attentes dans la mesure où certains ménages ne baissent pas leur budget chauffage et augmentent la température dans le logement pour gagner en confort.
France Stratégie reconnaît cependant que l’objet de l’étude est de donner un ordre de grandeur car les incertitudes sont nombreuses sur l’évolution des paramètres clés comme les taux d’intérêt, ou encore le coût de l’énergie et des travaux de rénovation.